3 500 aide-ménagères menacées de perdre leur emploi pour Noël : le cadeau du Gouvernement wallon
Plus de 200 entreprises de titres-services d’économie sociale risquent de ne pas pouvoir maintenir leurs 3 500 travailleurs pour Noël, alerte le secteur, représenté par la Fédération InitiativES suite aux décisions prises par le Gouvernement wallon. Une incohérence totale, alors que le secteur aide à créer de l’emploi de qualité pour des personnes justement éloignées de l’emploi.
Le Gouvernement wallon envisage d’interdire l’aide à l’emploi « SINE » dans le secteur des titres-services, un mécanisme essentiel qui permet aujourd’hui d’employer et d’accompagner des travailleurs et travailleuses très éloignés du marché du travail.
Les entreprises d’insertion du secteur alertent : si cette mesure prend effet comme prévu au 1er janvier 2026, de nombreux emplois seront directement menacés ! Cela concerne environ 3 500 travailleuses et travailleurs.
Ophélie LABABSA, présidente de la Fédération InitiativES et directrice de EKOSERVICES : « Cette mesure met en péril tous mes travailleurs. Cela a pour effet concret une perte de 2,5 millions d’€ mettant de ce fait nos entreprises en déficit dès la première année. EKOSERVICES est un acteur pionnier qui existe depuis 1999. Nous offrons des services de nettoyage et de repassage. Grâce à l’aide à l’emploi SINE, nous accompagnons nos travailleuses et travailleurs en les aidant à se reconvertir. Une nécessité dans un métier extrêmement dur physiquement. Par exemple, une aide-ménagère est devenue assistante sociale dans un CPAS, une autre conseillère en prévention au sein de notre entreprise. Nous aidons à mettre au travail et à maintenir au travail des gens qui, au départ, sont éloignés de l’emploi. Pourquoi nous retirer cette possibilité ? »
Le précédent gouvernement wallon avait mené une évaluation du secteur qui démontrait que les entreprises d’économie sociale d’insertion actives dans les titres-services atteignaient 60 % de taux de reconversion contre 3 % pour les entreprises de titres-services classiques. Preuve que ces entreprises aident à créer et maintenir à l’emploi des personnes à la base éloignées du marché du travail.
Une incohérence majeure avec la réforme du chômage
Le Ministre wallon de l’Emploi a annoncé vouloir réaliser 6 millions € d’économie dans les titres-services sur 536 millions €. Pourquoi s’attaquer aux plus fragiles en coupant dans le secteur de l’insertion ? C’est ce que dénonce le secteur.
Selon les données sectorielles :
- les travailleurs concernés par le dispositif SINE cumulent des fragilités importantes (problèmes psychosociaux, santé, parentalité solo, faible qualification, ruptures de carrière) ;
- sans le SINE, ces profils ne peuvent pas être maintenus à l’emploi ;
- plus de 80 % des entreprises d’insertion seraient directement touchées ;
- les licenciements entraîneraient un retour massif vers les CPAS ou le chômage ;
- aucune économie structurelle ne serait réalisée, mais un transfert de charges vers le social.
Cette interdiction arriverait au moment même où la réforme fédérale du chômage va forcer des milliers de personnes à rechercher un emploi, alors qu’elles présentent exactement les mêmes fragilités que les travailleurs SINE. Supprimer l’accès au SINE reviendrait à fermer la porte du marché du travail aux publics les plus vulnérables.
Un dispositif à réformer, pas à casser
Les acteurs de l’économie sociale sont conscients qu’une modernisation du SINE est indispensable, mais pas sa suppression. Une réforme concertée est possible ; une destruction du dispositif serait socialement, économiquement et humainement contre-productive.
Les entreprises appellent le Gouvernement à retirer cette mesure
Pour éviter un choc social inutile, elles demandent :
- de permettre l’accès à l’aide SINE dans le secteur des titres-services, en limitant les effets pervers qui peuvent advenir,
- d’ouvrir un chantier de réforme basé sur une évaluation objective.
Contact presse :
Pour plus d’infos, organiser une interview ou un reportage (possible par exemple dans un atelier de repassage) :
Nathalie PAQUET – nathalie.paquet@pepite-com.be
0496 63 49 37