Accès aux terres agricoles : une ferme partagée agroécologique dans le namurois pour relocaliser l'alimentation

Des fruits et légumes, du pain, du fromage, des œufs, des champignons, des gelées et sirops... la future « Ferme des Arondes » devrait approvisionner 300 ménages de la région en circuit court d’ici 2026. C’est l’ambition de Camille, Sébastien, Loïc, Benoit, Floriane et Zoé, ingénieur·es agronomes ou de gestion de formation. Certain·es d’entre eux travaillent depuis 6 ans dans la coopérative Jardins d’Arthey à Rhisnes, regroupant déjà 150 coopérateur·ices.

Afin de pérenniser leurs activités, ils ont identifié une ferme à reprendre, à Arbre (Commune de Profondeville). Pour les bâtiments et 34 ha de terrain, ils et elles doivent rassembler 1,8 million € au total.

« Ce lieu représente un énorme potentiel pour une ferme diversifiée, en agroécologie et travaillant en circuit court. ​ Nous avons un accord avec les propriétaires actuels », explique le collectif.

La levée de fonds comprend plusieurs paliers dont un premier à 1 million € d'ici fin mai. À ce jour, le compteur affiche déjà 456.000 € récolté, soit plus de 45 % du premier palier nécessaire à l’acquisition.

Projet innovant - Proposition concrète en réponse aux enjeux agricoles

Structuration juridique innovante

Les citoyen·nes et pouvoirs publics sont invité·es à prendre des parts dans la coopérative Terre-en-vue qui elle-même acquiert les bâtiments et les terres de la ferme. Une fois la ferme achetée, un contrat à long terme sera signé entre Terre-en-vue et la coopérative d’exploitation « Ferme des Arondes » qui rassemble chaque producteur·ice de la ferme. De plus, chaque producteur·ice dispose de sa propre structure d’exploitation et conclut des contrats avec la Ferme des Arondes pour les espaces (terre et bâti) qu’il occupera. Cette structure juridique permet de séparer les risques, de maintenir l’objectif nourricier de la ferme et offre une solution d’accès aux terres sur du long terme pour les producteur.ices.

Gestion collective de la ferme

Une fois installé·es, les producteur·ices continueront de travailler selon le modèle déjà expérimenté avec Jardins d’Arthey. Leur modèle de ferme partagée (étudié par SAW-B en 2020) comprend à la fois une grande autonomie laissée aux producteur·ices pour gérer leur activités de production/transformation, ainsi qu’une mutualisation conséquente de certains volets de la production (gestion du lieu, investissements collectifs, ventes en commun, comptabilité et administration, communication…). La ferme est partagée, mais la production reste portée par des personnes distinctes et autonomes.

Ce modèle de ferme partagée permet d’avoir plus d’impact sur la région concernée au travers d’une diversité de produits plus importante et augmente la résilience des projets de production (contrer l’isolement des agriculteur·ices, renforcement mutuel des activités, création de nombreuses synergies entre projets…).

« Le défi est important mais c’est une solution innovante face à l’impossibilité d’avoir accès à des terres agricoles en tant que personnes non issues du milieu agricole. C'est aussi une réponse à la relocalisation de l'alimentation, un enjeu au coeur des crises actuelles : le covid, le changement climatique, la guerre en Ukraine », ajoute Floriane Heyden, membre du collectif.

Terre-en-vue est un mouvement qui existe depuis 10 ans et soutient déjà 28 fermes en Wallonie et à Bruxelles. Son objectif est d'acquérir des terres grâce à l’épargne citoyenne pour les mettre à disposition d’agriculteur·ices qui cultivent en respectant les principes agroécologiques.

« Cette acquisition participe aussi à un changement d’échelle pour Terre-en-vue : un nouveau modèle acquisitif (financièrement et juridiquement), réplicable pour d’autres projets. Terre-en-vue acquiert pour la première fois bâti ET terres, mettant ainsi à disposition des agriculteur.trices un outil complet de production, qui pourra être transmis de génération en génération », explique Alix Bricteux de Terre-en-Vue.

Le projet de la Ferme des Arondes fera l’objet d’études universitaires auprès de l’ULiège pour les pratiques agricoles ainsi que le modèle de gestion et d’organisation collective (professeur Kévin Maréchal, directeur du master en agroécologie). Cela afin de documenter et reproduire ce projet.

Flambée des terres agricoles, diminution du nombre de fermes

« Aujourd’hui, le prix des terres est complètement déconnecté de la valeur de ce qui peut y être produit », explique le collectif. En 2020, selon l’observatoire du foncier agricole wallon, le prix moyen de l’hectare agricole a atteint 30.521€. Ces 5 dernières années, c’est dans la province de Namur que le prix moyen a le plus augmenté. De 1980 à aujourd’hui, la Wallonie est passée de 38 000 exploitations agricoles à 12 700 ( Sources : Statbel ). La Belgique a perdu 70 % de ses exploitations agricoles en près de 40 ans et ce phénomène s'est accompagné d'une forte augmentation de la taille des fermes, qui a triplé en 40 ans. L’inaccessibilité de la terre bloque la relève à l’heure où l’agriculture wallonne en a besoin : 69% des agriculteurs installés ont plus de 50 ans et seulement un sur cinq a un·e repreneur·euse.

En Belgique et en France, plusieurs projets de fermes en gestion ou acquisition collectives existent. En Belgique en 2020 par exemple, le projet Ma ferme a réuni 2.000.000€ via l’épargne de 1.200 coopérateur·ices afin d’acheter une ferme à Enghien.

Infos :

www.fermedesarondes.be

Visites festives pour le grand public de la Ferme les week-ends d’avril et mai.

Possibilité de visite en semaine pour les journalistes.

Contact presse :

Floriane Heyden, 0499 84 75 68, floriane@fermedesarondes.be

Nathalie Paquet, 0496 63 49 37, nathalie.paquet@pepite-com.be ​

Lien vers le dossier photos.

Dossier de presse :

Dates des prochaines visites citoyennes :

A propos de la Ferme des Arondes

La Ferme des Arondes est le projet de 6 producteur·ices ayant pour ambition de reprendre une ferme située sur la commune de Profondeville. Celle-ci est composée d’un corps de logis, d’anciennes étables, et de 34 hectares de prairies et terres cultivées. Elle offre un énorme potentiel pour y créer une ferme diversifiée, en agroécologie, et pleine de vie. Pour y parvenir, le collectif lance un appel à coopérateur via Terre-en-vue.

​​
​