Les coopératives belges résistent mieux aux crises que les PME - 1er juillet, journée internationale des coopératives
La Belgique compte plus de 19 000 coopératives dans lesquelles travaillent 100 000 personnes. Le 1er juillet se déroule la journée internationale des coopératives, un modèle d’entreprise plus résilient face aux crises mondiales ou énergétiques.

74 % des coopératives fondées en 2016 ont survécu à leurs 5 premières années. Ce chiffre est supérieur au taux de survie des PME, dont seulement 68,7 % survivent aux cinq premières années (Unizo, UCM & Graydon (2021) Starters Atlas 2021).
« L’ADN des coopératives est d’intégrer les parties prenantes. Cela permet d’inclure les personnes concernées pour créer des biens et des services qui s’adaptent à leurs besoins plutôt que de créer des besoins pour commercialiser des biens et des services », explique Jérôme Rassart, expert en création et accompagnement de coopératives chez Crédal depuis plus de 15 ans.
En Belgique, on compte plus de 19.000 coopératives tandis que 2 millions de Belges sont coopérateurs. Si les coopératives ne représentent qu’1% de toutes les entreprises belges actives, elles participent au PIB à hauteur de 3%. Depuis 2011, leur chiffre d’affaires global a augmenté de 40%.
Atelier de boucherie, microbrasseries, circuits courts... plus forts face aux crises
En étant ancrées localement et connectées à leurs clients, les coopératives résistent mieux aux crises.
Par exemple, la Brasserie Coopérative de la Lesse (Rochefort) a été protégée des crises internationales. Née il y a 11 ans, la microbrasserie qui compte 500 coopérateurs a conservé sa croissance annuelle d’environ 10% à 15%, et ce, malgré la flambée des prix des céréales suite à la guerre en Ukraïne, le Covid et les inondations. « Nous travaillons avec un agriculteur du coin avec qui nous avons un contrat stable et n’avons donc pas été impactés par l’augmentation des prix des céréales. Par choix, nous n’exportons pas et donc contrairement à d’autres brasseurs, nous n’avons pas vu nos chiffres de vente diminuer pendant le covid. Enfin, nous avons aussi connu les inondations ! Et là, de nombreux coopérateurs sont venus nous aider à remettre sur pied la brasserie. Les coopérateurs sont de réels ambassadeurs, pas de simples clients. Cela aide à passer à travers les crises, tout comme nos choix énergétiques », explique Norbert Buysse, Administrateur délégué.
Autre exemple. Chez Agricovert, coopérative de produits alimentaires en circuit-court à Gembloux réunissant 1450 coopérateurs, le Covid avait dopé les ventes, le souffle est ensuite retombé, puis en mars 2022, la crise énergétique a donné un coup de frein. Au final, entre l’avant-Covid et la situation actuelle, Agricovert a toute de même connu une augmentation.
Pia Monville, coordinatrice de la coopérative : « Ce sont des défis que nous avons réussis à relever parce que nous sommes organisés en coopérative. Au plus fort du Covid, notre webshop a connu une progression, en multipliant les ventes par 2,5 fois tandis que le magasin a augmenté de 50 %. Le personnel, les producteurs et les consommateurs sont tous impliqués dans la coopérative : c’est une force pour être plus solidaire dans ces moments-là, pour absorber une croissance soudaine. Nous sommes restés prudents car nous étions convaincus que c’était un passage, pas un changement de comportement des consommateurs sur le long-terme. C’est en effet ce qu’il s’est passé.
Après ce reflux, il y a eu la crise énergétique suite à la guerre en Ukraine en 2022. Nous en avons moins ressenti les effets que dans d’autre commerces alimentaires. Nos fruits et légumes sont locaux, il n’y a pas eu de surcoût lié au transport ou à l’énergie nécessaire pour des cultures sous serre. Les produits bios n’ont pas été impactés par l’augmentation du prix des engrais.
Etre une coopérative permet de fidéliser nos parties prenantes. Nous ne rémunérons pas d’actionnaire externe mais nous réinvestissons toujours au sein de la coopérative, afin que les producteurs soient payés au prix juste, les consommateurs paient le prix correct ou encore pour créer des emplois avec notamment des profils peu qualifiés, en insertion ou en inclusion ».
A Ath, 8 agriculteurs éleveurs ont fondé il y a un an leur propre atelier de découpe de viande agréé bio sous forme de coopérative, alors que les abattoirs et ateliers de transformation connaissent des difficultés en Belgique. Objectif de Wapicoowp : offrir un outil aux normes sanitaires, à prix correct, pour aider les agriculteurs à réaliser de la vente directe. En un an, la coopérative, qui engage 4 équivalents temps plein (boucher, préparateurs...), est passée de 8 à 27 coopérateurs et à plus de 50 clients utilisateurs allant de la frontière française à Jodoigne. Le planning d’occupation est déjà rempli jusque septembre.
Aurélien Holevoet, de Wapicoowp, explique : « Nous avons dû investir 100 000 euros pour la mise aux normes et l’aménagement. Un agriculteur seul ne saurait pas le faire. Inflation galopante, 12 % d’indexation de salaire... dès le début, nous avons dû faire face à des coûts plus élevés que prévu. Etre en coopérative plutôt que seul nous a clairement permis de passer le cap ».
Le modèle coopératif renforce aussi le projet. « Lors de la création, on mobilise beaucoup d’énergie et de moyens. Sur le long terme, grâce à ce modèle, chaque coopérateur se sent impliqué, cela permet de garder cet état d’esprit. Nous sommes aussi très liés à notre région. De nombreuses boucheries indépendantes bénéficient des produits de cet atelier de découpe, alors que c’est un marché occupé par des acteurs de la grande distribution. Notre but de rapprocher consommateur et producteur est donc atteint », complète Aurélien Holevoet.
100 000 belges travaillent dans une coopérative
Les coopératives sont aussi pourvoyeuse d’emplois : environ 1 société coopérative sur 5 créé des emplois directs. De 2011 à 2019, l’emploi dans l’ensemble du secteur coopératif a également évolué à la hausse avec une augmentation de 17,8 % en termes de nombre moyen de salariés (98.653 en 2011, contre 116 257 en 2019).
Au 31 décembre 2020, la répartition géographique des coopératives au niveau régional est restée plus ou moins stable au cours de la dernière décennie, avec 38 % de sièges sociaux en Wallonie en 2018, contre 28 % en Région de Bruxelles-Capitale et 34 % en Flandre.
Bien se préparer en amont
Cette forme entrepreneuriale nécessite toutefois une préparation spécifique via une approche professionnelle, des coûts de constitution, un capital de départ et une activité économique suffisamment porteuse.
Pour Aurélien Holevoet de Wapicowp : « L'expert de Crédal nous a aidés sur les questions juridiques, le Règlement d’Ordre Intérieur, les statuts... Ce sont des questions décisives pour réussir une coopérative. Cela nous a permis de démarrer rapidement et de bien faire les choses ».
Crédal et Céra, deux coopératives belges, ont créé en ce sens DO IT COOP, un programme de sensibilisation, formation et consultance pour accompagner les porteurs de projets. Au programme : business plan, atelier sur mission-vision-valeurs pour aligner les porteurs de projets, études de marché, études viabilité, plan financier ou encore aide à la rédaction des statuts reflétant le processus de décision propre à chaque coopérative.
Les coopératives en chiffres
- 2 millions de belges sont actionnaires d’une coopérative
- Début de l’année 2021, il y avait 19.607 sociétés coopératives
- 100 000 belges travaillent dans une coopérative
- 1 % de toutes les entreprises belges
- 3% du PIB belge
- Les sociétés coopératives représentent ainsi 3,5% du volume total de travail belge.
Chiffres issus de « Belgian Coopérative Monitor 2021 », collaboration entre le Centre d’Expertise pour l’Entrepreneuriat coopératif de la KU Leuven et la coopérative Cera. https://belgium.febecoop.be/news/coop-monitor-2021/#
Contact presse
- Possibilité de réaliser des interviews/reportages avec la Brasserie de La Lesse (Rochefort), Wapicoowp (Ath) et Agricovert (Gembloux).
- Jérome Rassart, expert depuis 20 ans en création et accompagnement de coopératives de Crédal est disponible pour un éclairage global
Pour organiser cela, vous pouvez contacter :
Nathalie PAQUET – nathalie.paquet@pepite-com.be - 0496 63 49 37
A propos de Crédal
Crédal est une coopérative financière belge qui propose du placement solidaire à destination de ses investisseurs, des solutions de financements à destination des organisations à impact social et des personnes précarisées, ainsi que des services d’accompagnement pour ses clients.
Elle réunit plus de 3700 coopérateurs grâce à qui des associations, des entrepreneurs sociaux ou des personnes précarisées peuvent accéder à un crédit ou un microcrédit : 30 millions € ont été ainsi octroyés en 2022 pour un encours total de 57 millions €, représentant 3.860 équivalents temps plein financés. Depuis 2019, Crédal gère aussi Change, un fonds d’investissement à impact social. Les experts de Crédal offrent également des services d’accompagnement aux entrepreneurs et acteurs de l’économie sociale. 370 personnes ont été accompagnées et 50 entreprises été créées en 2021. Au total, 54 personnes travaillent chez Crédal en Wallonie et à Bruxelles.
Créée en 1984, pionnière de la finance solidaire, la coopérative a été le premier acteur belge à proposer du microcrédit et des solutions de crédits spécifiques pour les organisations solidaires. Crédal a pour vision de construire une société inclusive et durable où l’argent est mis au service du bien commun.
https://www.linkedin.com/company/credal/
Nathalie Paquet
Photos téléchargeables ici :