Santé mentale et agriculture : une association pionnière de l’agriculture sociale en Belgique francophone est en danger

Alors que les problèmes de santé mentale sont en croissance en Belgique, l’agriculture sociale constitue une pratique innovante, un outil thérapeutique et sans médicament. Or, Nos Oignons, pionnière de ce mouvement en Belgique francophone est en danger par manque de financement pérenne.

L’ASBL Nos Oignons existe depuis 12 ans. Son ADN : metre en relation des personnes qui souffrent notamment de troubles dépressifs ou d’anxiété avec des agriculteur·rices et maraîcher·ères en Brabant wallon et à Bruxelles. Ensemble, ces personnes sèment, plantent, récoltent, prennent soin mais aussi créent du lien. L’impact positif de ces rencontres n’est plus à prouver et celui d’allier santé mentale et agriculture est de plus en plus documenté : l’agriculture sociale est un outil thérapeutique.

Un travail crucial et d’actualité

Selon Sciensano, 1 Belge sur 4 souffrait en 2022 de troubles dépressifs ou anxieux contre une personne sur 10 en 2018. En 2022, les problèmes liés à la santé mentale ont coûté 5% du PIB belge (Bureau du Plan). Or, le travail de Nos Oignons est en danger par manque de financement pérenne.

Depuis sa création, Nos Oignons a permis d’accompagner en Brabant wallon et à Bruxelles plus de 550 volontaires (bénéficiaires), auprès de 42 fermes, que ce soit en groupe (ateliers collectifs) ou en accueil individuel à travers des projets en concerta􀆟on avec un CPAS (Tubize), des instituions de santé mentale (SSM d’Ottignies).

Actuellement, les volontaires rejoignent l’ASBL via des services de santé mentale (consultations ambulatoires tout public) ou des institutions psychiatriques (hôpitaux, centres de jours et équipes mobiles), des maisons médicales, des psychiatres ou médecins, des services d’accompagnement pour personnes en situaton de handicap, des services ou projets sociaux ou encore par le bouche-à-oreille.

 

Accueils à la ferme : une pratique de longue date... mais pas institutionnalisée en Belgique francophone

L’agriculture sociale est aussi appelée « care farming » ou « soins verts ». Des « fermes de ressourcement » avaient vu le jour en Wallonie il y a une vingtaine d’années. Une quinzaine de projets d’agriculture sociale se sont réunis de 2014 à 2020 dans le cadre de la mesure 16.9 du Programme wallon de développement rural (PwDR), financé par l’Union européenne. En 2022, on comptait plus de 370 fermes partenaires de ces projets. Mais jusque là, il manque un cadre institutionnel permettant la reconnaissance de ces activités.

En Flandre, le réseau « steunpunt Groene Zorg » ​ célèbre son 20e anniversaire ce mois-ci. Il regroupe 1.000 structures agricoles, est financé par la région et les provinces tout en bénéficiant du soutien du syndicat flamand de l’agriculture (Boerenbond).

Aux Pays-Bas, plus de 1.300 fermes accueillent annuellement plus de 30.000 personnes qui ont besoin de soins, notamment dans le cadre de troubles de santé mentale. Aux Pays-Bas, cette offre est intégrée dans les dispositifs de sécurité sociale. Au Royaume-Uni, plus de 400 fermes réalisent le même type d’accueil.

Malheureusement, Nos Oignons et ses 7 salarié·e·s entament peut-être leur dernière saison : l'association est à la recherche de financements pour assurer sa survie. Si son intérêt est une évidence, l’agriculture sociale peine à être structurellement financée : elle se situe à cheval entre plusieurs mondes comme la santé mentale, l’agriculture, l’insertion sociale, le développement durable ou la (promotion de la) santé, dépendant d’institutions publiques et de régions différentes.

« Comme nos bénéficiaires, nous ne rentrons pas dans une catégorie, dans une case. L’agriculture sociale se situe entre plusieurs mondes : (promotion de la) santé, santé mentale, inclusion sociale, développement durable et agriculture. Ce sont des compétences ministérielles différentes, des régions différentes. Nous avons pu jusqu’ici faire tenir l’équilibre financier de Nos Oignons grâce à des investissements publics, des fondations privées ou encore des appels à projets. Mais le budget de l’année 2024 n’est pas bouclé. Nos salariés ont reçu leur préavis. Nous continuons d’y croire, de faire preuve de créativité et persévérance comme nous le faisons depuis 12 ans dans notre recherche de fonds
L’ensemble des acteurs qui croisent les enjeux de l’alimentation, du social et de la santé ont de grandes difficultés à trouver du soutien pérenne. Comme nos collègues d’autres projets, nous aimerions y consacrer moins d’énergie pour nous concentrer sur notre mission de base : agir ensemble sur le terrain » », explique Samuel Hubaux, fondateur de Nos Oignons. ​ 

 


Pour plus d'infos :

Samuel Hubaux, ​ Directeur et Fondateur de Nos Oignons -

0471/21.28.01, samuel@nosoignons.org

 

Pour aller plus loin :

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Photos téléchargeables et utilisables (copyright Nos Oignons):

 

 

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